Login

Pesticides Les eurodéputés veulent protéger les hommes... et les abeilles

Les eurodéputés devraient renforcer mardi 23 octobre la protection des citoyens européens et de leur environnement contre les pesticides, au risque de provoquer la colère des industries chimiques et des agriculteurs.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

Alors que 300.000 tonnes de "substances actives" de pesticides (les composants essentiels du produit) ont été vendues dans les 15 anciens Etats membres de l'UE en 2002, le Parlement européen va s'atteler à mettre à jour une législation de 1991 sur l'autorisation de mise sur le marché des pesticides.

Selon le projet adopté par la commission de l'Environnement du Parlement, les substances actives autorisées seraient listées par l'Union Européenne, en tenant compte de leur impact négatif sur les hommes mais aussi sur des espèces auxquelles le pesticide n'est pas censé s'attaquer, comme les abeilles.

En France, de loin le gros acheteur de pesticides de l'UE, la surmortalité des abeilles a créé une vive polémique ces dernières années. Les apiculteurs estiment que le recours aux pesticides Regent et Gaucho pour protéger maïs et tournesol des insectes ravageurs a provoqué des hécatombes dans leurs ruches.

Pour limiter les risques aussi sur la santé humaine, les substances les plus dangereuses -cancérigènes, toxiques pour la reproduction, neurotoxiques...- devraient tout simplement être interdites.

Si le Parlement suit sa commission Environnement, la plupart des substances seront autorisées pour 10 ans, et ensuite, chaque Etat membre sera chargé d'autoriser les nouveaux produits. Mais les eurodéputés semblent divisés et certains craignent d'imposer trop de contraintes à la puissante industrie chimique européenne qui a déjà entamé une forte campagne de lobbying contre le texte, selon des sources parlementaires. "Nous regrettons surtout la position (des députés allemands conservateurs) de la CDU/CSU qui sont de véritables porte-parole de BASF et d'autres groupes chimiques allemands", a dénoncé le porte-parole des Verts Helmut Weixler.

Un autre puissant lobby risque de s'opposer au deuxième projet de directive voté mardi, sur l'utilisation des pesticides: les agriculteurs. Une des mesures phares de ce texte est en effet l'interdiction, sauf dérogations, des pulvérisations aériennes, très prisées dans la viticulture. Le projet, tel que renforcé par la commission Environnement, interdit également l'utilisation des pesticides dans tous les parcs, jardins publics, cours de récréation, et autres zones résidentielles, ainsi que leur application dans une zone tampon de 10 mètres autour de tous les cours d'eau.

"Nous soutenons l'objectif de la directive mais nous avons un problème sur l'introduction de trop de contraintes pour les agriculteurs", a expliqué Eduard Slootweg, un porte-parole du groupe du Parti populaire européen (PPE, conservateur). Il a notamment estimé que la zone tampon des 10 mètres interdirait 35% des terres aux pesticides aux Pays-Bas.

Cette nouvelle législation "laisse tout le monde gagnant", a contesté le socialiste danois Dan Jorgensen. "Cela va assurer un haut niveau de protection pour la santé humaine et pour l'environnement. Cela va diminuer la bureaucratie et permettre au marché de mieux fonctionner", a-t-il estimé.

Un autre point risque encore de diviser les députés: l'introduction d'objectifs chiffrés de réduction de l'utilisation de pesticides: moins 25% sur cinq ans et moins 50% sur dix ans. Dans sa proposition de juillet 2006, la Commission européenne préconisait seulement que chaque Etat membre définisse des "mesures et des calendriers" pour réduire la dépendance aux pesticides.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement